|Interview| Ozferti : « Il faut que je m’imprègne de la réalité Ethiopienne »

Au Propulse Festival, vous pourrez découvrir une partie des meilleurs artistes de demain! Pour en apprendre un peu plus sur eux avant d’en apprendre plus sur leur musique ces prochains jours, on en a rencontrés quelques-uns. C’est parti pour plonger dans l’univers d’Ozferti.

© snappp
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Derrière son masque se cache Florian Doucet, un artiste qui s’épanouit dans la musique live, la production et l’illustration. Après avoir intensément découvert la musique latine avec le groupe La Chiva Gantiva, il s’est aujourd’hui lancé dans un voyage vers l’Ethiopie avec son projet Ozferti qui mêle sonorités africaines et musiques électroniques.

Quels sont les points forts du projet Ozferti ?

Le gros point fort, c’est l’expérience, surtout en tant que producteur. Moi je venais de la scène live music et le gros problème d’un musicien quand il passe à la production (ordinateur), c’est qu’il en met des couches parce qu’il a blindé d’outils à disposition. Au fur et à mesure, quand tu joues les morceaux en live, tu te rends compte qu’il y a trop d’informations et que les gens ils ne vont pas suivre. Maintenant, j’arrive enfin à synthétiser, j’enlève certains éléments qui ne servent à rien. Maintenant j’ai une vision plus claire dans ma tête, avant c’était que des remix ethio-jazz et maintenant j’ai envie d’en faire quelque chose de plus personnel en mélangeant les connaissances que j’ai en tant qu’occidental avec ce qui vient d’Afrique. Au début, je tâtonnais parce que je ne connaissais pas bien cette musique, il faut s’imprégner de ça aussi.

Quels sont les points faibles de ton projet ?

Le point faible c’est qu’il faudrait que j’aille en Éthiopie ! Pas uniquement au niveau de la musique, il faut que je m’imprègne de la réalité du pays parce que pour le moment c’est juste un univers fantasmé. J’ai des bases solides sur l’Éthiopie, je lis des bouquins, j’ai vu des documentaires sur l’éthio-jazz, sur Mulatu Astatke… mais je n’ai pas envie de raconter n’importe quoi juste parce que j’ai lu des bouquins. Je ne perds pas de vue non plus que c’est un projet visuel et au niveau des symboles que j’utilise dans mes visuels, il faut que ça ait un sens. Une fois j’ai sorti un visuel avec une musique et une nana d’Addis-Abeba m’a dit qu’elle ne comprenait pas le rapport entre les images et la musique parce que les visuels ne venaient pas de chez eux.

Quelle est ta plus grosse motivation à persévérer dans la musique ?

En tout cas ce n’est pas le pognon ! Sinon j’aurais arrêté depuis longtemps. La motivation, c’est le retour des gens. C’est rencontrer des producteurs complètement cinglés qui sont dans le même délire, qui essayent d’être en mode pionnier, de chercher des trucs… moi c’est ça qui m’intéresse dans la musique. Je n’ai pas envie de faire de la musique au kilomètre du genre je vois qu’il y a quelque chose qui marche bien et du coup je vais en faire. Tant que je ne suis pas sûr de mon son et du projet, je ne vais pas arrêter de creuser. Quitte à me planter ! Il y a des trucs dans lesquels je me suis déjà vautré et je continuerai à me vautrer, mais ce n’est pas grave. Je suis un grand curieux et je suis un peu lassé de l’Europe donc je suis motivé de creuser dans d’autres endroits comme l’Afrique ou l’Asie.

Après avoir parlé des fois où tu t’es vautré, quelle est ta plus grande fierté en tant qu’artiste ?

Avec ce projet-ci, c’est d’arriver à passer en radio. Il y a un gars qui s’appelle Jeremy Sole qui bosse à KCRW, une grosse radio de Los Angeles, qui m’a appelé en me disant qu’il voulait passer Addis Aboumbap. À l’époque, je n’avais pas de label et je n’en ai toujours pas. Maintenant, ça commence à se construire, il y a un management, il y a un booker… mais la grosse fierté c’est de se dire qu’il n’y a pas de réseau de distribution, je fais tout en indépendant et j’arrive quand même à passer sur des grosses radios comme Radio Nova.

Que peut-on te souhaiter pour 2019 ?

Plein de dates ! Il y a plein de trucs cools qui se préparent. Il y a une résidence qui se prépare pour le mois de mars, des dates aux Pays-Bas, quelques dates en Belgique. Ce qu’on peut me souhaiter c’est d’avoir des dates qui arrivent parce qu’il faut quand même que l’argent rentre pour pouvoir continuer à développer le projet, pour faire des clips, pour payer les gens. Ça devient professionnel donc je ne peux plus jouer avec des cachets de misère. Mais comme j’ai dit tantôt ce n’est pas du tout la première nécessité, mais il y a un moment où l’investissement est tellement grand qu’il faut que ça paye. Il faut développer le live aussi, il n’y a que sur la scène où tu peux vraiment toucher les gens.

Comment vois-tu le développement de ton projet dans les cinq prochaines années ? 

Le gros rêve ce serait de faire une formule à la Bonobo, pouvoir me permettre d’avoir des musiciens en live ! Surtout de travailler avec des gens de là-bas. C’est la moindre des choses que je peux faire, j’utilise leur musique. Et puis rajouter des danseurs, du mapping, des trucs de fou pour faire un vrai spectacle. J’aimerais bien aussi pouvoir faire une tournée qui passe un peu partout en essayant de faire quelque chose de suffisamment ouvert pour que les gens pigent bien l’univers tout en restant respectueux des sonorités que j’utilise sans tomber dans le whitewashing.

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