|Interview| Oui, c’est bientôt Dour!

La question que tu te poses depuis maintenant plus de 350 jours à enfin une réponse positive! OUI, Dour est de retour pour te jouer un mauvais tour! 

fonsny & stevens

Cinq jours de fête (voire un peu plus), près de 250 groupes pour te remplir les oreilles jusqu’à la trentième édition qui aura lieu l’année prochaine, les succulents pains-mexicanos avalés entre deux concerts, du hip-hop, de la drum&bass, du rock, un peu de métal, de la house, une Balzaal qui t’en mettra de nouveau plein les yeux, une fanfare qui te jouera les plus grands tubes de techno, des after à n’en plus finir, le Bar du Petit Bois, la séance de la Boudin Room…les raisons pour aller à Dour sont trop longues que pour être compilées dans un article. Donc viens!

On en a aussi profité pour poser quelques questions à Alex Stevens et Mathieu Fonsny, les programmateurs du festival! Puis pendant le temps que tu lis cette interview, on t’a préparé une petite playlist pour lire tout ça en chanson!

Comment procédez-vous pour créer la programmation ?

Alex Stevens : On note déjà beaucoup pendant le festival alors c’est pendant l’édition même que celle d’après commence. On se rend compte de ce qui marche bien au niveau du déplacement des gens, de l’ambiance…

Et après, on écrit tout ça, on note vraiment beaucoup puis on part en vacances au mois d’août histoire de se reposer.

Mathieu Fonsny : Le 1er septembre on se revoit et on essaye de recréer des ambiances sur le site avec un certain équilibre par rapport aux genres musicaux et une fois qu’on s’est mis d’accord, on commence à booker les groupes. C’est un gros puzzle qui se construit pièce par pièce et au final ça marche parce qu’on arrive à un budget bien équilibré ainsi qu’a une bonne diversité au niveau des styles musicaux et on reste en accord avec l’équilibre qu’on a prédéfini. Après les artistes s’ils comprennent bien ce que tu veux faire ils confirment assez vite parce qu’ils sont rassurés par rapport à l’endroit où ils vont jouer. Plus on définit bien ça à l’avance, plus c’est facile pour nous. Par exemple la Caverne est une nouveauté cette année. Nous avions des choix à faire : on ne savait pas comment les artistes allaient confirmer donc c’est plus difficile à programmer.

Est-ce que les choix pour la Caverne se sont imposés directement ?

A.S : Il y a plusieurs éléments à prendre en compte : premièrement le hardcore et le métal faisaient déjà partie de la programmation de Dour lorsqu’il n’y avait pas beaucoup de festivals du genre. Mais ces dernières années, les festivals qui ont une programmation spécialisée dans ces genres ont grandi (Grasspop, Hellfest…) En plus ils se déroulent pour la plupart tous en juin, ce qui fait que les artistes ne sont plus en Belgique en juillet.

Ensuite, la nouvelle population qui vient écouter ce style musical en festival se tourne plus vers les festivals spécialisés, ce qui diminue vachement l’intérêt porté pour ces musiques sur notre festival.

L’idée c’était donc de renommer la Cannibal Stage et de créer une nouvelle scène pour les gens qui font de la guitare qui crient et qui ont des tattoos, et on peut aller de Gojira à Amenara, mais aller chercher aussi les Kills, les Strypes des trucs plutôt rock, mais également du Garage.

L’idée c’était de rassembler tout ce qu’il y a de guitare sur une scène. Avant ils étaient dispersés sur plusieurs scènes et les gens nous disaient qu’il y avait de moins en moins de rock sur le festival.

Il est vrai que la couleur métal hardcore tend à s’effacer, bien que ça ne soit pas de notre volont. S’il y avait eu un artiste qui tournait et qui était dispo, on l’aurait programmé. Un Franck Carter & the Rattlesnakes comme il y avait l’année dernière pourrait très bien jouer sur la Caverne comme elle est conçue et pensée. Cette année on a fait des offres sur des groupes hardcore et métal sauf qu’ils ne sont pas là ils ne sont pas en tournée donc c’est très frustrant…

Il y a des groupes que l’on voit régulièrement d’année en année comment vous décidez ça ?

A.S : Lesquels par exemple ?

Dans la drum & bass il y a souvent des noms qui reviennent comme Camo & Crooked, Andy C,..

A.S : La drum & bass c’est un style qu’on a toujours fait à Dour, c’est la tradition le jour d’ouverture d’avoir la journée drum & bass, et tous les artistes de ce style veulent jouer à Dour. Alors les plus gros lorsqu’ils sortent un disque ils veulent Dour dans leur tournée et c’est un peu difficile de dire à Andy C quand il veut venir à Dour : « non, reste chez toi coco ». (Rires)

C’est des artistes qui restent dans l’actualité.

M: Après Andy C on lui a proposé un b2b avec Dj Hazard pour avoir une espèce de nouveauté, pareil sur les mecs de Critical Records, on a essayé de tous les prendre.

A.S : On est un peu victime du succès de cette scène musicale parce qu’ils veulent tous venir à Dour, même les plus gros, c’est la scène la plus facile à programmer parce qu’on fait un appel et 10 minutes après ils ont confirmé. Sur la scène Drum, on n’a pas eu un seul artiste qui a refusé.

Et par rapport aux artistes belges, vous souhaitez en avoir un certain nombre ou bien il y a un quota ? Comment ça se passe ?

A.S : On est à 50 artistes sur 240.

M.F : Un peu plus de 20 %.

A.S : On a la volonté de défendre notre scène et de la mettre en avant, on a un quota qui est de 10 %, mais on est toujours entre 20 et 30 %, donc on est bien au-dessus.

M.F : On est hyper attentifs sur la scène belge parce que déjà on va voir plein de groupes belges. Et puis on a un outil qui est une vitrine de 45 000 festivaliers. Ce serait con de ne pas mettre à l’honneur les artistes belges, donc d’une part c’est déjà acquis pour nous, on ira toujours au-dessus des 10 % parce que même avant de compter on sait qu’on suit beaucoup plus ce qui se fait en Belgique que ça soit sur la scène hip-hop techno rock. On a même depuis l’an dernier une journée qui est exclusivement belge, le vendredi dans le Labo. La partie cachée de l’iceberg c’est qu’on invite pas mal de pro, bookeur ou programmateur français et étrangers pour qu’ils viennent voir nos artistes et on essaye de les canaliser pour qu’ils viennent voir un maximum de groupes belges pour les exposer un maximum et c’est pour ça qu’on a créé cette journée 100 % belge.

A.S : Et puis Dour c’est avant tout un festival international, des gens viennent de partout en Europe et c’est bien que les Français ou les Flamands qui ne s’intéressent pas toujours à la scène belge francophone tombent sur nos groupes, on a de la qualité et c’est un bon tremplin pour passer les frontières le festival de Dour.

M.F : C’est aussi dans cette continuité là qu’on a fait Bruxelles arrive qui était de se dire qu’on est dans une nouvelle époque du Hip-Hop belge que ça soit francophone ou flamand. Bien sûr on va faire chaque show respectif, le 77, Youssef Swatt’s, Romeo Elvis, Caba & JJ. Mais on s’est dit : « Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour mettre à l’honneur cette scène ? » et on leur a proposé cette création qui est vraiment un truc nouveau pour supporter ces artistes et les mettre en lumière du mieux qu’on peut.

Alors ils vont avoir une tranche horaire où ils seront tous là ? 

M.F : Pendant 2 h oui, mais ce n’est pas tous ensemble genre chacun va faire un morceau propre, ils vont faire quelque chose de nouveau. Ils se sont enfermés dans un studio en juin. Il va y avoir des artistes français aussi. Il y aura certainement des bribes de trucs à eux, mais aussi de la nouveauté. C’est une nouvelle création et chacun fera son show respectif a un autre moment du festival.

Quels sont les artistes à ne pas manquer ?

M.F : c’est difficile parce qu’il y en a 240 et dans chaque style il y en a, moi à mon avis je vais plus dire de trucs électro.

Vous pourriez en donner au moins 5 chacun par exemple ?

M.F : Mall Grab, Mary Davidson, euh…

A.S : Choisis en 5 aléatoires de toute façon on en choisit des différents à chaque interview et fin de journée on aura cité toute l’affiche ! (Rires)

M.F : Après il y a Prince Waly, Ichon et Loveni enfin toute bande produite par Myth Syzer, Bons Gamins quoi, moi j’aime bien cette nouvelle scène parisienne. J’aime bien MIA, sur la Main Stage elle représente un peu plusieurs courants, je trouve qu’elle est à la croisée des chemins de ce que le festivalier de Dour est susceptible d’écouter. Et puis Black Madonna je trouve que ça représente beaucoup de choses, c’est du Disco, c’est de la Techno c’est de la House, c’est sa manière d’appréhender le djing de manière intelligente, je trouve ça bien.

A.S : Alors moi je vais choisir Solange qui n’était vraiment pas facile à avoir ! Sur la Boombox je dirais. Reijie Snow j’aime vraiment bien il était déjà venu il y a 2-3 ans, mais je trouve que les nouveaux morceaux sortis sont super dingues. Dans la petite maison dans la prairie il y a la nouvelle création de Carl Craig le dimanche qui va être un moment particulier parce qu’il y aura un piano sur la scène ce qui va créer un sentiment de nostalgie de fin de festival. Dans la Caverne il y a les Moonlandingz, j’aime vraiment bien, c’est rock & roll et est assez fou et imprévisible sur scène et pour finir Demian Licht qui est une nana mexicaine qui fait une techno assez sombre et assez brutale.

Est-ce qu’il y a un artiste que vous voulez, mais que vous n’avez jamais eu ?

M.F : Moi je dis toujours le même, Burial parce qu’il ne fait pas de show et personne ne sait qui c’est ! Les gens croient que c’est Thom Yorke ou Four Tet d’autre que c’est Flying Lotus.

A.S : À part pour les artistes qui sont morts, on essaye d’année en année et on se dit qu’un jour ça va passer ! À part pour le groupe Cult of Luna à qui je fais une offre tous les 1 et septembre depuis 11 ans, j’ai appelé le manager la semaine passée et je lui ai dit que je ferais une dernière offre pour les 30 ans. Après ils n’auront plus d’offre de ma part, mais je demanderais à Mathieu de l’envoyer ! (Rires)

C’était quand votre premier Dour ? 

A.S : La même année pour tous les deux c’était en 97.

Et en tant que programmateur ?

A.S : J’ai commencé à faire ma première scène en 2004, la Petite maison dans la prairie sur un jour, et puis j’ai été engagé en 2005 en tant qu’assistant puis j’ai commencé à faire des offres petit à petit. Jusqu’à ce que le fondateur de Dour s’en aille parce qu’il est devenu ministre, c’était il y a 5 ans ou là on a repris complètement la programmation. C’est là que j’ai demandé à Mathieu de me rejoindre parce que prendre tant de décisions tout seul c’était très difficile, et puis discuter nous permet de prendre de meilleures décisions et ça nous pousse un peu plus loin dans les choix artistiques comme on doit se convaincre l’un l’autre.

Quels sont votre meilleur et votre pire Dour ?

A.S : Pour moi c’est 2007 parce qu’on a eu de la pluie sur tous les jours de montage et on a dû ouvrir le site alors que tout n’était pas prêt. On a justement battu le record d’affluence cette année-là et le tout ensemble, on a vu tous les problèmes nous tomber dessus comme des dominos qu’on ne sait plus arrêter et c’est trop tard, tu fais de ton mieux, mais c’est dur en termes d’organisation. Mais ça a été une bonne expérience pour toute l’équipe parce qu’on a eu tous les problèmes possibles et inimaginables et depuis on n’a jamais été aussi bien organisé. La meilleure pour moi ça serait celle de 2015 parce qu’il y avait un temps magnifique, la nouvelle Balzaal qui avaient créé une sorte d’excitation et tout s’est super bien déroulé.

M.F : Pour moi la meilleure année c’était 2007 parce que c’était la première année de la scène Forma-T et c’est un début qui a amorcé la rencontre, l’amitié et plein de choses. Et la moins bonne je n’en ai pas vraiment je pense…

A.S : Tu ne t’es pas fait larguer sur une édition ? (Rires)

M.F : Non j’y réfléchis et je n’ai pas de mauvais Dour parce que même le temps ça ne me dérange pas.

Propos recueillis par Eugène, Matias et Jordan

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