|Interview| Robbing Millions : « On est plus proches de Robin que de Robbie »

Il est difficile de caractériser l’ambiance qui entoure le groupe Robbing Millions et leur musique. S’il fallait ne retenir que 3 mots, cela pourrait être psychédélique, décalé et unique. Dotés d’une folie qui colle parfaitement à leur inventivité débordante, les 5 musiciens défendent en ce moment leur album sorti en aout 2016 tout en ayant déjà de nombreux projets en attente. Pour en savoir un peu plus sur eux, nous avons rencontré Lucien Fraipont, le guitariste et chanteur du groupe.

Salut, est-ce que tu pourrais nous retracer l’histoire de Robbing Millions ? 

Ça a commencé il y a 4 ans pendant des vacances dans le sud de la France où je me suis mis à enregistrer des morceaux avec Garage Band. Pendant 5-6 ans j’ai fait des morceaux pour différents groupes de jazz puis avec ce programme j’ai complètement décomplexé mon côté pop et j’ai fait une quinzaine de morceaux que je comptais faire chanter par Gaspard, qui est un de mes plus vieux potes. On s’était rencontrés à l’école primaire parce qu’on portait des t-shirts Nirvana ! On avait eu un groupe qui a duré de nos 13 à nos 18 ans puis il a fait de la BD et moi j’ai fait du jazz et puis je voulais vraiment qu’il chante mes morceaux pop, mais il a mis beaucoup de temps à venir chez moi et à bosser les morceaux du coup j’ai dû les chanter moi-même. Du coup, quand il est venu, on a décidé qu’il y aurait deux voix qui chantent une même mélodie. Puis j’ai demandé à d’autres personnes avec qui j’avais un groupe de jazz expérimental d’enregistrer sur mes démos puis de m’accompagner en live et donc le groupe était né. Puis on a dû choisir un nom et il y en a plein de merdiques qui ont circulé et on a pris le moins pourri…

Tu nous as parlé de jazz et de pop, mais on sent que vous êtes à la frontière de plusieurs styles, c’est quoi ta définition de votre musique ?

C’est un peu bordélique, mais c’est aussi dû à mon parcours parce que je suis passé par le jazz, j’ai commencé la musique par la guitare classique et mon prof me faisait bosser des trucs sud-américains, puis après j’ai fait du blues avec un prof irlandais et en même temps j’écoutais Radiohead, Beck, Jeff Buckley. J’ai aussi joué dans des groupes plus funks, afro… ce qui fait que quand je fais du Robbing Millions tout se retrouve un peu là-dedans même si ça reste hyper instinctif et que je ne réfléchis pas trop. Un morceau, ça part souvent d’un morceau que j’aime bien et j’essaye de faire un truc pareil, mais c’est toujours raté. Puis j’ai aussi l’impression que Bruxelles est une ville tellement éclatée et pas assez grande que pour te dire je vais aller écouter de na New Wave toute la soirée dans un bar et du coup tu te retrouves à écouter plein de genres de musique involontairement.

Au niveau de la composition des morceaux, ça se passe comment ?

En gros, je fais des maquettes où j’enregistre un peu tout puis quand le morceau est assez formé je l’amène au groupe qui le joue puis on en discute et on le modifie, mais j’amène le gros des morceaux. Parfois j’essaye qu’on fasse les trucs ensemble, mais je finis souvent par faire les trucs tout seul, soit parce que je suis impatient soit parce que j’avais une idée assez précise en tête.

Votre premier album est sorti il y a moins d’un an et le prochain est déjà bien entamé…

Ouais… moi j’écris un peu des morceaux tout le temps. Je consacre pas mal de mon temps à Robbing Millions et pour moi une journée de base c’est je me lève et j’essaye de faire un morceau et si je ne le fais pas je me sens un peu merdique. Du coup, j’ai accumulé des morceaux que je dois trier et peaufiner.

Et tu as décidé de collaborer avec Shags Chamberlain, qu’est-ce qu’il apporte de différent ?

Je l’avais vu en concert avec Ariel Pink, qui est un musicien que j’adore, et puis je lui ai envoyé un mail et il m’a demandé de lui envoyer les morceaux. Du coup je lui ai envoyé une dizaine des morceaux et il m’en a demandé plus et j’en ai rajouté une trentaine et quelques semaines plus tard, il m’a renvoyé des notes détaillées sur chaque morceau et plein de propositions de production et de concept général pour l’album. Il est venu passer une semaine chez moi pour travailler les morceaux et là j’attends qu’il m’envoie une sélection définitive.

Ça s’est imposé à toi de chanter en anglais ?

Je ne me suis pas du tout posé la question de chanter en français parce que je n’ai pas du tout une culture chanson française, mes parents n’écoutaient pas ça du tout à part du Gainsbourg, du Bashung et vite fait du Étienne Daho. Mais là, Shags (Chamberlain) m’a encouragé à faire des textes en français aussi du coup sur le prochain album il y aura sans doute des trucs en français.

Avec qui aimerais-tu travailler parmi les artistes belges ?

Là je fantasmais un peu sur le studio de Dan Lacksman du groupe Telex. Il paraît qu’il a une collection de synthés de ouf et du coup j’ai réécouté pas mal de leurs morceaux.

Quel est le pire truc qu’il pourrait vous arriver sur scène ?

J’ai souvent un coup de stress avant de monter sur scène, mais avec les années ça a un peu changé. Sinon des trucs tout cons comme casser une corde du coup je les change tous les 2 ou 3 concerts. Ou peut-être qu’un spot nous tombe dessus, mais une fois qu’on est montés sur scène, on n’y pense plus trop. Par contre j’ai déjà eu une espèce de tachycardie, j’avais des palpitations sur scène en plein milieu d’un morceau bien excité ou je devais faire des exercices de respiration tout en jouant…

Vous vous sentez plus proches de Robbie ou de Robin Williams ?

Plutôt de Robin ! Robbie… on a joué au Paléo Festival en Suisse et il jouait plus tard dans la soirée du coup on a essayé de l’approcher pour prendre des photos avec lui, mais pas moyen.

Quel est l’endroit où tu rêverais de jouer ?

J’aimerais bien faire une tournée en Amérique du Sud ou alors dans des amphithéâtres grecs au bord de la mer Égée.

Quel est ton guilty pleasure musical ?

Là pendant 3 jours je me suis fait la BO de Donkey Kong Country, mais sinon j’assume plutôt bien ce que j’écoute.

Quelle est la musique qui passe en boucle chez toi en ce moment ?

J’écoute pas mal de musique brésilienne ces temps-ci dont un disque de Jorge Ben qui s’appelle A tábua de esmeralda. Puis voilà, je suis assez volatile dans ce que j’écoute, mes amis m’envoient pas mal de trucs que j’écoute et récemment Gaspard m’a fait écouter un truc d’un producteur grec qui s’appelle Akis et c’est super cheesy !

lucien

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