Mix for Lifestage : Beatsforbeaches

Le producteur bruxellois Beatsforbeaches inaugure le premier épisode d’une longue série de mixes à venir. Membre actif des nuits de la capitale avec 54Kolaktiv, il nous a proposé une sélection 100 % noire, jaune, rouge. On te laisse cliquer sur play et pour accompagner l’écoute on lui a posé quelques questions!

 

Quel rêve aimerais-tu réaliser ?

Question difficile ça…  

Ça serait pour mon projet musical, pas pour la paix dans le monde !

Hé bah ce serait surtout de travailler avec d’autres artistes parce que quand j’ai commencé il y a dix ans j’étais tout seul dans ma chambre et je me disais toujours : « c’est mon beat, personne ne peut y toucher. » C’est après quelques années que j’ai commencé à travailler avec d’autres artistes et j’ai directement compris que c’était beaucoup mieux.

Quand tu travailles seul, tu restes dans ton monde et tu n’as pas de feed-back, tu as toujours les mêmes idées. Alors que quand tu fais juste une jam avec un autre beatmaker ou quelqu’un qui joue du sax ou un autre instrument, tu apprends toujours quelque chose en tant qu’artiste.

Donc mon rêve c’est de travailler avec des artistes qui peuvent me donner des idées.

Par exemple j’aime beaucoup Le Motel, car lui aussi était seul au début et puis il a été avec YellowStraps et puis avec Roméo Elvis. Maintenant je travaille avec deux chanteurs et une chanteuse, et j’aime beaucoup travailler en groupe.

Un artiste avec lequel tu aimerais collaborer ?

Je ne sais pas… genre Kanye West ! Ça doit être une expérience incroyable de travailler avec lui parce je me dis qu’il fait toujours des choses osées et tout le monde se dis What the fuck et tu peux trouver ça bien ou pas, mais sa façon insane de travailler est très différente de la mienne parce que je suis timide. Alors je pense que ça pourrait être une bonne collab !

Tu joues d’un instrument ?

Non, j’ai commencé à mixer il y a 10 ans. Au début je mixais de la deep dubstep et de la dub puis du disco house, mais je ne jouais pas d’instrument. J’avais des amis qui utilisaient Ableton et j’ai appris avec eux. Au début tu testes tous les boutons pour voir ce que ça fait. Les mélodies ça c’est vraiment en Jam quand je suis seul dans mon studio et je joue encore et encore, mais je ne connais pas les notes. Parfois je le fais écouter a des amis et ils me disent que ça sonne faux et là je me dis ha ouais c’est vrai !

Mais est-ce que je suis un musicien ça je ne sais pas…

Je trouve que ça a quand même un bon côté parce que maintenant tous les jeunes qui ont un ordinateur peuvent facilement avoir Ableton, Fruity loops… et c’est bien qu’ils sachent qu’il n’y a pas besoin d’être un pianiste ou un guitariste pour faire des sons que tu aimes. J’espère que grâce à ça il aura beaucoup plus de gens qui feront de la musique parce que tout est possible avec un ordinateur.

Qu’est-ce que tu écoutes pour le moment ?

L’année passée j’ai beaucoup écouté Franck Ocean, Bon Iver, Mount Kimbie…leur nouvel album ça c’est vraiment mon truc. Et puis j’écoute beaucoup de sons belges. Il y a quelques années ça venait toujours d’Angleterre, mais maintenant en Belgique on a des talents qui sont reconnus !

Et qu’est-ce qui a fait ce changement ?

Avant, de Belge il n’y avait que Netsky dans la musique underground et même si la drum and bass c’est pas vraiment mon truc je le soutenais parce que j’étais fier qu’il soit belge.

Maintenant, grâce au succès de certains artistes comme L’Or du Commun, Damso ou Roméo Elvis qui arrivent avec des clips de qualité et des concerts où le public devient fou ! Maintenant, les artistes belges sont plus confiants et se disent qu’ils peuvent aussi le faire, ne plus juste faire du son dans notre chambre et le mettre sur SoundCloud puis basta. Il faut oser faire des clips, des concerts…

Maintenant, j’ai 28 ans, ça fait dix ans que j’organise des soirées et avant il te fallait un DJ de Berlin, de Paris ou de Londres pour amener des gens à ta soirée, mais maintenant ça peut être une bonne affiche avec que des artistes belges comme au Brussel Brost ou au Mekitburn.

On sent fort ton attachement à Bruxelles et plus particulièrement à la Place Sainte-Catherine, tu peux nous expliquer ?

Mes copains et moi étions tous à l’école près de la Place Sainte-Catherine et c’était notre chill spot. Stikstof a commencé là-bas et il y a d’autres groupes comme Perron Zes qui eux sont un peu plus Grime/UK Garage. On avait aussi une maison des jeunes qui s’appelle DAR, parce qu’il y avait des jeunes sur la place qui disaient que l’hiver il faisait trop froid et on ne pouvait pas toujours aller chez moi parce que mes parents devenaient fous.

On avait besoin d’un endroit où on pouvait être entre nous et on a réussi à avoir un local et ouvrir une maison des jeunes dans une petite cave rue Émile Jacqmain. Le premier truc qu’on a fait c’est installer un studio avec des platines et on était tout le temps là-bas.

Plus tard, on a créé le 54Kolaktiv pour organiser des soirées à un prix démocratique avec du bon son qu’il n’y avait nulle part ailleurs à Bruxelles.

On a aussi fait un crowdfunding pour construire un sound system et grâce aux 13 000 € on a pu avoir du bon son à chacun de nos événements parce que c’est notre sound system.

Comme on venait tous de la même école, on était beaucoup de néerlandophones et puis grâce à Stikstof et Zwangere Guy qui ont fait des liens avec L’Or du Commun et Roméo Elvis ça s’est diversifié comme maintenant avec Zwangere et Le 77. Je pense qu’avant c’était plus difficile à cause de la barrière de la langue, mais maintenant on s’en fout, on vient de Bruxelles, on est belges et voilà si on doit parler en anglais c’est pas grave.

Et si ta musique était un plat ?

Je pense à un mix bizarre genre du poulet pour la dub, puis une soupe pour le style ambiant

Décris-nous un peu ton mix !

C’est du Belge, support à fond ! Parce qu’il y a des artistes qui ne sont pas encore connus, mais le niveau est très très haut.

Par exemple il y a une track d’un gars de Louvain qui s’appelle Fungku et la première fois que j’ai écouté j’ai cru que c’était un nouveau truc de Flying Lotus.

C’est comme je disais avant, les jeunes qui font des beats et tout ça maintenant ils font ça plus sérieusement parce qu’ils voient qu’il y a moyen de jouer sur des festivals et de réussir parce qu’il y a des exemples en Belgique sur la scène underground.

Donc voilà ça sera fort éclectique ça commence doucement et ça fini par de la Grime Belge ! 

Propos recueillis par J.C., Eugène et Matias

Publications similaires

Commentaires