Dour dur d’être de retour

La tête encore enfoncée quelque part dans la Plaine de la machine à feu de Dour, nos corps peinent encore à retrouver leur activité et leur apparence normale. Il est tout de même temps de vous faire part de notre expérience.

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On pourrait vous parler de notre tristesse quand on a appris l’annulation du concert de Solange, de l’interminable marche qui séparait le camping festivalier du site du festival, du son approximatif de la Last Arena, mais cela ne représente qu’une infime partie de Dour.

À force de profiter de tous les plaisirs que nous offre le festival, on se demande ce que l’on va pouvoir faire durant l’année qui nous sépare de la prochaine édition. Nos pensées encore dispersées entre les dizaines de concerts, les interviews qui arriveront bientôt, les after et les courtes nuits au camping, on vous ressort quelques points forts de cette 29e édition !

Dès le premier jour, Damso faisait chanter ses tubes à la Boombox tout entière alors que M.I.A terminait une prestation en demi-teinte par un combo Bad Girls, Paper Planes repris par toute l’assemblée.

Deux des concerts qui nous ont le plus marqués sont ceux de Kate Tempest et de Jonwayne. Si leur ressemblance physique pourrait faire croire à un lien de parenté, ils arrivent tous deux à toucher le public d’une manière différente. Kate vient de Londres, son accent parle pour elle, et porte très bien son nom. Durant tout son concert, nous assistons à une tempête de mots bien choisis et bien placés avec lesquels elle aborde des thèmes comme la pauvreté, l’immigration, le réchauffement climatique ou encore la drogue.

Deux jours plus tard, sur la même scène de la Boombox se produisait Jonwayne. Les cheveux longs, une grosse barbe, des lunettes, un gros pull, des sandales… l’homme originaire de La Habra en Californie ressemble plus à un geek qu’à un rappeur. Seul sur scène, accompagné de sa boite à rythmes pour lancer ses prods et un essuie sur la tête, il balance ses morceaux avec une facilité déconcertante. Celui qu’on a cru perdu dans les problèmes d’alcool semble revenu pour de bon dans un rap jeu où il a su se faire sa propre place !

On ne peut pas non plus ne pas vous parler de ces séances de sport qui feraient pâlir les moniteurs Basic Fit. La première était donnée le samedi par le collectif parisien Casual Gabberz qui remet au goût du jour ce style né au début des années 1990. En arrivant dans la Caverne, on se demandait encore si on faisait bien de faire une croix sur DJ AZF, mais nos doutes se sont dissipés dès la montée sur scène de l’équipe. Tour à tour, Von Bikräv, Aprile, Evil Grimace, Claude Murder, Paul Seul passent derrière les platines pendant que les autres dansent à côté. Une heure de brutalité et d’humour qui ne laisse que très peu de répit aux jambes et aux bras.

Le dimanche, en clôture du festival, Dour avait eu la bonne idée d’inviter Manu le Malin. Pour son troisième passage au festival après 2013 et 2016, le DJ français n’a pas fait dans la dentelle lors d’un set d’une heure et demie de techno hardcore qui aura eu raison des pieds des derniers survivants de La Caverne !

On a aussi pu remarquer l’excellente santé du rap venu d’outre-Manche avec un Rejjie Snow qui semble enfin confirmer tout le bien que l’on pense de lui depuis quelques années déjà ou encore une Little Simz qui sait ambiancer son public, notamment grâce à son tube Dead Body !

Enfin, comment ne pas parler de la place laissée au rap francophone ? Ces derniers mois, on a pu voir qu’il ne rimait plus seulement avec France, mais qu’il avait largement ouvert ses frontières. De la Suisse avec DI-MEH et Slimka au Canada avec les démentiels Alaclair Ensemble, les hip-hop passe aussi par la Belgique. En plus du mégashow Bruxelles Arrive, Dour a aussi accueilli Roméo Elvis & Le Motel, Caballero & JeanJass, Youssef, Convok, Le 77 ou encore Zwangere Guy.

Une grande fête qui ne demande qu’à être vécue et dont le trentième anniversaire promet d’être des plus délicieux !

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