Quand la Belgique invite le Canada, que le Canada s’invite en Belgique, et que l’étonnante combinaison des deux donne un cocktail doux et détonnant à la fois, c’est que la FiftyFifty a encore une fois bien fait son taf.
Un manque de réactivité (mais surtout, un trou dans le portefeuille) m’avait empêché d’aller voir Veence Hanao et Le Motel lors des Nuits. Tristesse et regrets m’envahirent lorsque je vis passer les stories prises par mes amis, eux qui avaient été bien plus vifs que moi. Heureusement qu’un sympathisant Lifestage a écrit une incroyable review qui m’a presque permis d’y être. A partir de ce moment-là, plus qu’une chose en tête : croire en Bambataa, et participer au prochain Bodie showcase.
A l’annonce de l’affiche partagée par les deux artistes, ce fut la joie qui m’envahit : j’allais pouvoir y mettre tout mon blues. Pour ne rien vous cacher, je me préparai en amont. Mes oreilles sensibles ont besoin de bouchons, que j’oublie la plupart du temps, mais pas ce soir-là. Je voulais m’assurer d’en profiter tout en préservant mes pavillons. Pour être sûre de ne rien manquer du concert, je me suis assise sur la scène en attendant le début ; pas que je sois une groupie, mais plutôt parce que j’avais décidé d’accorder une importance presque sacrée à ce moment, histoire de recharger les batteries, vous voyez ? Je sais que vous voyez.
Pour tout vous avouer, je suis sortie du C12 un peu avant la fin du concert, au milieu du dernier morceau, « Les Moineaux ». Je voulais pouvoir me faufiler dehors avant la foule, et profiter d’une cigarette tout en restant encore un peu plongée dans ma bulle. Devinez ce que j’ai entendu dès que j’ai mis un pied dehors ? Bah oui, les oiseaux, les oiseaux.
Ce que j’en retiens, c’est que la codéine et la cortisone ingérées par Veence Hanao qui souffrait de la gorge n’ont rien ôté à la magie du showcase. Je retiens aussi que le retour de Veence Hanao après quatre ans fait du bien à tout le monde. Et enfin que la rencontre entre le rappeur et le producteur est une des meilleures nouvelles de mon année musicale jusqu’à maintenant.
Changement de décor. Changement d’énergie. Changement de continent. Après avoir repris mes esprits et enclenché le mode turn up, je m’en retourne à l’intérieur, histoire de braver la chaleur à coups de déhanchements et de transpiration. Fraicheur, me direz-vous, mais personnellement, un indicateur de bon concert est pour moi un bon coup de chaud. Et Loud n’a laissé personne en rade.
J’avais déjà bien sûr entendu parler du phénomène québécois, mais je ne m’étais pas bien rendu compte de sa notoriété au plat pays. A l’instar d’un Roméo Elvis, ou d’un JJ, les paroles de Loud étaient sur toutes les lèvres, et l’énergie était palpable. Le rap de Loud, bien que francophone, a une saveur unique tant par l’accent du rappeur que par son utilisation du franglais. Certains sceptiques que j’avais entendu douter avant le concert, et sans vraiment connaître le rappeur, se sont même retrouvés conquis à la fin du show.