Comment décrirais-tu ton style ? C’est assez particulier, c’est un peu une sorte de melting-pot…
M(ugwump): Exactement. Je n’ai pas envie d’être enfermé dans une case et j’ai pas mal d’influences musicales différentes, c’est un peu un melting-pot en effet. Ca représente les influences que j’avais quand j’étais ado, la musique belge, le new beat, le post-punk, la new-wave, l’indie-rock (avant même que cela ne s’appelle indie d’ailleurs), la musique électronique… Un peu de tout. C’est une tentative de synthèse de plein de sous-genres.
Sur le dernier morceau du live à Dour, j’ai vraiment eu l’impression d’entendre Joy Division…
M: Oui en effet c’était une reprise de Joy Division (rires). C’est une grosse influence. On aime beaucoup Joy Division et New Order.
En général je trouvais que le live était assez tourné post-punk alors que quand on écoute certains morceaux du nouvel album de Mugwump, chez soi, dans son salon, on pense plus à la pop-electro style Kompakt…
M: Le pari était de transposer l’album (qui a été fait en studio) avec quelques musiciens. Ce n’est pas un album live au sens des groupes qui enregistrent et qui se font produire par un producteur… Là c’est l’effet inverse. Ca n’aurait eu aucun sens de faire un album avec uniquement des morceaux qui tapaient. Je respecte le format de l’album et je voulais que cet album soit aussi varié que possible.
On a transposé l’album en une version live et il y a plus de morceaux post-punk, en effet, mais dans l’album c’est assez varié aussi, il n’y a pas que de la pop-électronique. Ici c’est la sélection que nous avons choisie pour Dour, mais nous avons beaucoup plus de morceaux que ça. On peut faire des lives d’une heure et demie, on fait beaucoup de reprises… On devient un vrai groupe.
C’était ma question suivante : Est-ce que le live s’adapte au public et à l’endroit où vous jouez ?
M: Le fait de transposer l’album en live change déjà tout en soit… Ce que tu as écouté dans ton salon ce n’est pas ce que les festivaliers ont envie d’entendre, sinon il n’y aurait personne dans la salle. Ce qu’on a voulu faire c’est vraiment un mix entre des musiciens et la musique électronique. L’écriture du prochain album sera fortement influencée par le live, parce que je vais davantage inclure les musiciens et on va évoluer vers quelque chose de plus live forcément.
Cet album sort sur Subfield, ton label, avant ça avec Mugwump tu avais déjà signé sur des labels comme Kompakt, Cocoon, R & S Records, Eskimo… Est-ce que c’était un peu une nécessité de lancer son propre label ?
M: À partir du moment où ce que je fais est très éclectique, c’est très difficile de rester sur un label qui a un son propre. Parce que je propose des maxis, des morceaux différents, alors on me dit « Ah c’est pas comme l’autre quoi, nous on aime bien l’autre, on l’a bien vendu, mais là c’est différent… » C’est un peu le piège de l’éclectisme, les gens aiment bien t’enfermer dans une case. Moi j’aime bien tout donc j’ai composé un album de gauche à droite… C’est signé sur mon label, mais c’est ! K7 qui est derrière, ils m’ont donné carte blanche. Je gère tout l’artistique, mais toute la distribution, toute l’infrastructure, c’est eux.
La production de cet album a quand même pris du temps ou du moins les morceaux ont été réalisés il y a longtemps, est-ce que ca été laborieux ? Pourquoi cela a-t-il pris autant de temps ?
M: En fait comme je ne suis pas chanteur, je chipote, je parle sur un des morceaux, mais j’avais besoin de quelqu’un et je n’avais pas de chanteur disponible… Donc j’ai demandé à pas mal de gens pour faire des featurings vocaux et cela a pris pas mal de temps parce qu’ ils avaient des agendas chargés. Ensuite la sortie était prévue sur Kompakt, mais je pense qu’ils s’attendaient à quelque chose de plus « club » alors ils ont décliné à la fin. Après j’ai eu beaucoup de discussions avec des labels, comme Warp ou Ghostly. C’est ça qui a fait que ça a duré. Signer un album aujourd’hui sur un label indépendant c’est mobiliser toute une équipe, c’est prendre beaucoup de risques financiers, ça coüte beaucoup d’argent pour la promo… C’est une grosse décision et donc elle ne se prend pas vite.
Dans les featurings dont tu as parlé il y a notamment Luke Jenner, le chanteur de The Rapture, est-ce que tu peux un peu nous parler de cette collaboration ?
M: En fait j’avais sorti un maxi sur le label de The Rapture, Throne of Blood, qui est géré par un ami à New York. C’est un label qui a été créé au départ pour sortir tous les remixes du groupe qui ne sortaient pas. Ils m’ont proposé de faire un maxi et comme je cherchais des chanteurs, j’ai contacté Luke… Le problème était que le jour où il m’a dit oui, il partait en tournée avec le dernier album de The Rapture et la tournée a duré 9 mois… Ce qui explique le délai de sortie de l’album aussi. On a signé le contrat au Botanique.
Quand on regarde les morceaux de plus près sur l’album, dans production on voit aussi le nom de Olivier Grégoire, Kolombo, qui a produit des morceaux avec toi et qui avait commencé le projet Mugwump avec toi… Maintenant vos styles se sont un peu distancés ?
M: C’est-à-dire qu’il a beaucoup de succès avec une partie de ce qu’il sait faire, il se concentre là-dessus… Moi j’ai toujours travaillé avec des ingénieurs du son, avant je travaillais avec Jean Vanesse, qui est notre ingé son live d’ailleurs. Je travaille aussi avec DC Salas… je suis DJ depuis 20 ans, mais j’ai besoin d’un ingénieur du son derrière moi, qui travaille avec moi et les crédits sont partagés avec les gens qui travaillent avec moi. Olivier a une culture super large aussi et on s’est super bien entendu sur ce que je voulais faire. C’est mon projet, mes idées, mais lui a la même culture musicale pour me suivre et pour m’aider à produire cet album. Avant on faisait « Geoffroy et Kolombo present Mugwump », maintenant ça marche à fond pour lui sous Kolombo, il n’a pas le besoin, ni le temps d’être plus en avant sur le projet, mais il garde un œil dessus, il a investi dedans aussi.
Est-ce que ce serait encore possible en 2015 ou dans le futur d’avoir une nouvelle collaboration entre Mugwump et Kolombo ?
M: S’il arrête de jouer au Brésil oui… (rires). Il part tous les mois, il n’a quasiment plus de temps pour faire des prods à lui, il est tout le temps sur la route. Il est en train de créer un nouveau studio, on a évoqué la possibilité de refaire des morceaux ensemble et de mon côté, l’envie est là, mais ce sera quand le Brésil se sera lassé de lui… Je ne le vois pas avoir du temps pour autre chose pour l’instant.
Pour revenir sur ton album, » Unspell », il y a déjà deux clips qui sont sortis, ce qui est pas mal pour un album de musique électronique, j’imagine que l’aspect visuel te tient à cœur ?!
M: Et le troisième arrive ! C’est super important si tu veux faire la promo de ton single convenablement. C’est un ami d’enfance qui travaille dans la publicité qui a fait les clips et avec qui j’avais déjà collaboré pour fournir des supports sonores avec Karl Lagerfeld. C’est lui qui m’a contacté parce qu’il voulait s’occuper du visuel… Un des mannequins du second clip bosse avec Dior, &Raf Simons… Cela nous donne une petite assise dans le monde de la mode et on arrive à placer les clips sur des sites plus orientés fashion comme Nowness ou The Fader. Si tu n’arrives pas avec un superbe clip, tu as beau avoir le meilleur morceau du monde, personne ne va l’écouter…
Après cet album et les différents concerts qui vont suivre, as-tu d’autres projets ?
M: Avant de commencer le second album, et à la demande de !K7, on va ressortir l’album début 2016 avec un package digital « deluxe » qui contiendra des versions lives, 2 nouvelles chansons et des remixes…. On a pas mal de dates déjà et on va faire quelques grosses premières parties sur l’automne/hiver normalement car Mugwump est devenu un vrai « band ». Je développe aussi le label, avec une sortie du duo Belgo-Italien Front De Cadeaux (DJ Athome et Hugo Sanchez) et des remixes de Factory Floor et Ruf Dug. Je fais des remixes avec DC Salas. Ca bouge bien…