Chaque année, le mois de mai est l’occasion pour le Botanique de se faire sa fête. Plus de 10 jours de concerts répartis dans les différentes salles et dans le Chapiteau installé dans le jardin pour l’occasion. Une édition haute en couleur qui a vu défiler de nombreux artistes aux styles différents et qui aura permis de dire un dernier au revoir au Cirque Royal. Retour en photos et en textes sur la vingtaine de concerts que nous avons pu voir.
Pour donner le coup d’envoi de nos Nuits du Botanique, Kadebostany, un groupe Suisse fondé en 2008 par Guillaume Bozonnet, compositeur, producteur ainsi que président de la République de Kadebostanie, pays imaginaire qui se situe au nord de l’Italie, à l’est de la Suisse et à l’ouest de la Turquie.
Grâce à leurs multiples influences venant entre autres des pays limitrophes de la République, des prestations live énergiques et un univers hors du commun ils se sont très vite imposés sur la scène internationale.
Après un premier album (The National Fanfare Of Kadebostany) sorti en 2011, un deuxième en 2013 (Pop collection) ainsi que plusieurs singles à succès, le groupe est de retour avec un nouveau projet en préparation (Soldiers of love) après le changement de chanteuse.
Pour leur deuxième date au Botanique, c’est dans le Chapiteau que le concert s’est déroulé. Une scène enfumée, décorée de drapeaux beiges, les cinq membres tous vêtus dans le même teint, un jeu de lumière avec une légère mise en scène militaire ont fait de ce concert un spectacle accrocheur.
Avec une superbe voix, la chanteuse a su varier les chants entre la puissance et la douceur accompagnée de sa guitare électrique ou de sa basse. Les cuivres qui ont fait leur apparition tout au long de la performance sont venus donner une ambiance balkanique sur certains morceaux. La batterie qui reflétait le jeu de scène militaire du groupe faisait en sorte de ne jamais laisser retomber la pression.
Le maître de cérémonie envoyait lui de lourds sons électroniques qui intensifiaient l’énergie du groupe et faisaient trembler le sol sous nos pieds.
Un concert patriotique qui donne à tous l’envie de visiter la République de Kadebostanie !
Le vendredi, et alors que le Chapiteau était plein à craquer pour la venue du label Hungry Music de Worakls, N’to, Joachim Pastor et le Belge Stereoclip, nous avons laissé trainer nos oreilles du côté de l’Orangerie ou l’ambiance était plus tranquille. Cette soirée qui allait voir le producteur français Superpoze confirmer tout le bien que l’on pensait de lui a commencé par deux actes bien de chez nous.
Le premier à se présenter sur scène se nomme Jim Henderson et nul doute que ses basses résonneront dans vos oreilles dans les prochains mois. Seul sur scène et armé de quelques machines, il balance un son résolument house arrosé de funk et de soul.
Il était suivi du surprenant malinois Tout va bien qui, accompagné de ses deux musiciens, commence à se faire un nom sur la scène belge. Sur des sonorités electro-pop pouvant parfois faire penser à Son Lux, il pose une voix surprenante et apaisante. Point culminant de ce concert, sa surprenante reprise de Ne me quitte pas de Jacques Brel.
Enfin, le Caennais Superpoze est venu nous partager les nappes électroniques des morceaux issus de son dernier album For we the living mélangés aux plus anciens. Un show minimaliste, mais maitrisé de bout en bout pour une prestation envoutante.
Le premier samedi de ces Nuits proposait un programme chargé en qualités, mais pour ne pas trop nous éparpiller nous avions décidé de laisser nos tympans du côté du Chapiteau.
R.O et Todiefor, les deux premiers artistes appelés à venir chauffer la foule, sont deux producteurs que vous risquez de revoir à de multiples reprises ces prochains mois. Que ce soit à travers leurs morceaux remplis de basses ou via différentes collaborations qui les sortent quelque peu de leurs habitudes.
Après la prestation des deux régionaux, c’est au tour du grand anglais Romare accompagné de son live band de monter sur scène. Lui aux machines et ses deux musiciens qui s’occupent des percussions, de la basse et de différents instruments à vent nous ont proposé une heure mélangeant rythmes électroniques et africains en passant en revue les meilleurs morceaux du producteur britannique.
Le dernier à se montrer n’est autre que le Français FKJ de l’écurie Roche Musique. S’il envoute par ses productions électroniques, il impressionne surtout par sa capacité à manier les différents claviers, la guitare ou encore le saxophone pour faire de son spectacle un bon moment de virtuosité.
Ce dimanche 14 mai au Botanique nous aura offert un plaisir tant sonore que visuel. On commence avec la découverte belge de la soirée, Wuman. Ce groupe de 4 musiciens et 2 techniciens nous a présenté son premier EP « Portraits ». Mélangeant guitares tropicales, chants et rythmiques hypnotiques, chaque titre esquisse le portrait d’une femme délicatement construit au travers de projections live et de rock expérimental.
Ces récits mélodieux seront ensuite suivis de la suave Flora Fishbach. Fishbach c’est la voix sensuelle et rauque qui nous a fait voyager au travers d’un univers loufoque aux allures électro-pop à la française. Armée de son synthé, de sa « nouvelle bande » et d’une présence scénique déroutante, on n’a pu que savourer ce moment théâtral, à la fois dramatique et humoristique, qui nous rappelle les eighties de Jeanne Mas.
Dès notre entrée dans le chapiteau, les light et les basses nous ont directement traversé le corps nous faisant bouger la tête et donnant l’envie de se laisser aller à des pas de danse incontrôlés.
The Geek x Vrv duo parisien présentant un spectacle son et lumière entraînant sur des rythmiques hip-hop, un beat lent et des sonorités électroniques ont ouvert les festivités. L’ambiance était au rendez-vous dès ce premier concert animé par un jeu de lumière et un public assez réceptif. Le groupe nous a servi ses plus grands classiques ainsi que des remix plutôt bien réussis comme par exemple celui du son de Flume Holding On.
La puissance monte d’un cran pour le concert de Alltta qui a suivi. Le duo est composé du rappeur, DJ et producteur français 20Syl, connu pour des projets comme Hocus-Pocus ou C2Cet du rappeur américain issu de The Procussions, Mr. J. Medeiros. Avec le logo d’Allta en néon blanc qui transperce l’épaisse fumée c’est avec intensité que le groupe a démarré le show !
Grave à une présence scénique incroyable, un flow incisif et des lyrics pleins de sens, Mr. J. Medeiros a mis le feu dans le Chapiteau du Botanique. 20syl a aussi été de la partie sur plusieurs sons au-devant de la scène pour un duo de rappeurs intelligents et au style bien trempé !
Pour le finish, le groupe Dope D.O.D, amputé de son membre Dopey Rotten qui a quitté le groupe pour raisons de santé était introduit par leur bouillant DJ.
Les deux membres restants du célèbre groupe hollandais, Skits Vicious et Jay Reaper n’ont pas manqué d’énergie pour chauffer l’atmosphère dans le chapiteau. Le style particulier de ces hard-rappeur, la coiffure osée de Skits Vicious ainsi que les beats violents n’ont pas fini de plaire aux amateurs de hip-hop dark et hardcore !
Ce samedi 20, avant dernière soirée des Nuits du Botanique, c’est dans l’Orangerie qu’on a pu apprécier les artistes du label français D’ici d’ailleurs. La soirée a donc débuté avec le groupe de rock français, Mendelson. Le charismatique chanteur et guitariste Pascal Bouaziz et ses musiciens tout aussi déchainés ont su nous faire voyager dans la réalité des textes qu’ils interprètent puisqu’en effet, c’est à travers différentes reprises que le groupe a exprimé son opinion politique sur la société actuelle. Enfin, on n’oubliera sûrement pas l’humour décalé qu’ils ont osé pour créer des liens avec le public, ça a marché, on est sorti conquis.
C’est ensuite Chapelier Fou qui nous a régalés à la fois seul et avec ses deux musiciens. C’est donc armé de son clavier, son joystick et son violon qu’il nous a enchanté entre musique électronique et musique classique. Si l’objectif de l’artiste était de nous faire entrer dans son univers, c’est réussi puisque sa musique inventive nous a transportés dans un monde de mystères et de féérie. Il a même usé de sa voix pour compléter son éventail de talents. L’artiste s’était dit stressé, mais c’est malgré tout sans fausse note et avec délicatesse qu’il nous a ravi ainsi que le public du Botanique.
Même soirée, mais autre lieu, c’était le grand jour pour les quatre joyeux membres de Mountain Bike. C’est ce jour-là que ces Bruxellois d’adoption avaient choisi pour présenter leur album Too sorry for any sorrow au public de la capitale. Des rythmes rock bien sentis même si leur fougue semblait s’être adaptée à l’ambiance feutrée du Cirque Royal.
Après eux, c’est Warhaus, le side-project du chanteur de Balthazar, qui se présente sur scène. Maarten Devoldere, accompagné de quelques musiciens et de l’envoutante Sylvie Kreusch, balance un jazz aux effluves de rock, ou l’inverse au final on ne sait plus trop et c’est peut-être mieux comme ça.
Voilà quelques années que le Botanique organise un after party pour les plus endurcis des festivaliers. Dans la Rotonde, Zebra Katz, le rappeur américain au style féminin tout droit venu du mouvement LGBT dans le rap a su créer une réelle osmose avec le public. Lui qui s’est fait connaître grâce au tube « Ima Read » en 2012 tourne aujourd’hui dans le monde entier pour donner des concerts hauts en couleur.
First name Zebra, last name Katz! Le rappeur a la gestuelle très hot nous a directement mis dans le bain en débarquant sur scène en toute sensualité. Pendant tout le concert l’artiste a gardé un contact visuel très intime avec le public et a terminé sa représentation en descendant de la scène pour quelques mouvements de danse tout ce qu’il y a de moins catholique !
La soirée s’est poursuivie avec les Londoniens de Factory Floor. Une batterie d’un côté et des rythmes technos ponctués de pointes acidulées de l’autre. Un mélange détonnant qui annonce la puissance de la suite de la soirée.
C’est alors que l’Orangerie accueille l’Allemande Paula Temple. Directement, le public est prévenu que les basses l’accompagneraient pendant les deux prochaines heures. Un show sans concessions où les moments de répit étaient plus que réduits pour une session de sport intensive.
Pour notre dernière de dette édition des Nuits, le programme promettait un voyage vers l’Inde. La soirée a commencé avec les Mandolin Sisters, les deux sœurs Sreeusha et Sireesha, tout droit venues de Chennai, une grande ville au sud de l’Inde, pour nous présenter leur performance de mandoline électrique. D’abord passionnées par la guitare dont jouait leur père tous les matins alors qu’elles n’avaient que 4 ans, elles se sont vite mises à la pratique. Après être passées chez les plus grands maîtres de mandoline carnatique elles font maintenant le tour de monde pour donner des concerts minimalistes, mais remplis de complicité. Les mélodies enjouées et très rythmées de ce duo nous ont transportés dans ce style particulier qu’est la musique carnatique.
Changement d’ambiance avec Marc Melià, un artiste compositeur d’origine catalane basé à Bruxelles. Dans son univers électronique instrumentalisé par son synthétiseur Prophet 08, sa voix dans un vocodeur et une petite palette d’effets, ce musicien nous balade entre musique classique et electro minimaliste. Grâce à la musique galactique rythmée par les percussions du batteur et la voix robotique du musicien nous nous sommes envolés pendant un instant aux confins d’une galaxie inconnue.
Après avoir eu la chance d’assister à Big Sun de Chassol l’été dernier dans le Parc Royal de Bruxelles, nous attendions avec impatience de voir Indiamore. Après un premier projet à La Nouvelle-Orléans, « Nola chérie », c’est dans le nord-est de l’Inde que le compositeur nous emmène cette fois pour une épopée sonore et visuelle sur un fond de tampura. Avec le speech harmonization, cette technique qui consiste à associer une note de piano à chaque mot prononcé, le concert, accompagné de magnifiques images, nous a transportés au plus profond de la culture indienne en passant de l’arrière d’un taxi a une plage. Cette performance où se mélangent les rythmes indiens, les notes de pianos et la batterie présente sur scène a été d’une richesse incroyable. Impressionné par cet art dont il maitrise chaque ficelle, on ne peut qu’attendre avec impatience la suite qui devrait se tourner prochainement en Seine-Saint-Denis.
Reportage réalisé à 10 mains et 10 yeux par Eugène, Jordan, Laurane, Mathilde et Matias