«Human Flow» ou l’art au service d’un des constats les plus alarmants du 21ème siècle

Lundi gris au bureau. Erik Satie dans le casque. Je m’arme de ma plume, de ce qu’il me reste de courage après le weekend. Je m’équipe aussi de mes meilleurs mots, et je fais le tri émotionnel pour vous raconter ma dernière expérience cinématographique. L’artiste chinois Ai Weiwei venait présenter son documentaire Human Flow en avant première, ce mercredi 10 janvier 2018 au Bozar

Human Flow, c’est l’histoire des 65 millions de personnes ayant été contraintes de fuir leur pays d’origine à cause des guerres, des catastrophes climatiques ou encore des persécutions à leur égard. Il s’agit du plus important flux migratoire depuis la Seconde Guerre Mondiale. Tourné sur une année, dans 23 pays, et avec plus de 200 collaborateurs, cette coproduction germano-américaine de 2h20 est chaotique et déstructurée, à l’image de la situation des migrants. La longueur du film peut paraître éreintante, mais elle fait écho à l’étendue du problème, ainsi qu’à sa complexité. On estime en effet que cela prend en moyenne 26 ans avant qu’un réfugié ne puisse retourner à la maison.

Weiwei ne se refuse pas grand-chose ; il rend compte de la réalité des camps de réfugiés, de la difficulté à passer les frontières, de la désillusion des migrants quant à leurs attentes par rapport au monde occidental et sa «démocratie», de l’horreur vécue en mer, ou encore de l’éducation des enfants rendue impossible depuis le début de leur périple. Dans sa démarche artistique, Weiwei laisse parler les images pour elles-mêmes. Certaines ont été récoltées avec du matériel HD, d’autres avec le smartphone de l’artiste. Pas de personnage principal, pas d’histoire plus importante qu’une autre. Simplement, des témoignages récoltés aux quatre coins du monde, et pouvant, au final, ne raconter qu’une seule histoire ; celle de la déshumanisation de nos sociétés occidentales.

Malgré l’horreur et la difficulté de la situation, Weiwei se permet certains plans très esthétiques, simplement beaux. Le documentaire ne présente pas de solution concrète, mais fait plutôt un état des lieux. En ce sens, ces plans esthétiques sont peut-être le seul message d’espoir du film ; Beauty Is Everywhere.

Human Flow sortira mercredi 24 janvier 2018 en salles, et pour celles et ceux qui voudraient plus d’infos, héberger des réfugiés, ou encore faire un don, c’est par ici !

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