LE 77 : « Il y a des lunettes qui ont tellement de skillz »

Suite et fin de leur « trilogie », le troisième album du 77, Ultim, sort ce vendredi. Pour l’occasion, on a rencontré Peet, Morgan et Rayan chez Bidules Eyewear, où ils se sentaient comme des enfants dans un magasin de jouets.

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Vous attendez quoi de cet album ?

Peet : À ce qu’il fasse des millions de vues fou ! Non, je suis juste curieux parce que ça fait longtemps que les tracks sont prêtes, il y en a même qui datent, du coup on n’a plus ce recul. On l’a beaucoup écouté donc on n’a pas l’oreille qu’un auditeur qui ne l’a jamais écouté pourrait avoir. Donc je suis juste curieux que ça sorte pour avoir les retours.

Il y a une signification au titre Ultim ?

Peet : Ouais, c’est la consécration. On aura fait trois projets dans la maison 77, parce qu’on y est plus maintenant, c’est le dernier album qui s’est fait là. Mais après ce n’est pas pour ça qu’on l’appelle Ultim, c’est parce que c’est un mot parmi tant d’autres qu’on utilise, comme « skillz », « bawlers »…

Rayan : Et comme ça faisait partie d’une « trilogie » et d’un vocabulaire, on s’est dit que si c’était la fin de cette trilogie, ça pouvait être un mot comme « ultim » qui définit un truc d’extraordinaire, tu vois.

Ultim, ça parle de lunettes, de drogue, de vous et de vos sentiments, mais vous avez voulu mettre quoi dans ce projet ?

Peet : On n’a pas voulu mettre quelque chose dedans, on a juste mis ce qu’on ressentait au moment où on était en studio. On n’a pas dit « on veut mettre ça, on veut faire ça ».

Morgan : Ce qu’on fait ça reste quelque chose de super spontané au final. Les trois quarts du temps, on fera tout au feeling, tout dépendra de si on heureux, tristes, si on a eu des influences par rapport à telle musique qu’on a écoutée dernièrement.

Est-ce que c’est devenu une mode belge de ne pas se prendre au sérieux sur les pochettes d’album ?

Peet : Je ne pense pas, je pense juste qu’on l’a fait, que Roméo l’a fait, du coup on fait le lien.

Rayan : C’est plus une généralité des Belges qui se prennent moins au sérieux que les autres. Pas spécialement dans le rap, que ce soit dans le ciné ou dans tout. Mais là c’est un concours de circonstances qu’il y ait plusieurs pochettes dans ce style.

On retrouve souvent les mêmes featurings sur vos sons, ici encore avec Blu Samu, il y a une réelle amitié entre les rappeuses/rappeurs bruxellois ?

Peet : Ouais, surtout entre nous, ce n’est pas entre tous les rappeurs. Tous les rappeurs bruxellois se respectent et je ne connais pas de gens qui se clashent, quand on se voit en festival, on se dit bonjour, on discute, on blague ensemble.

Morgan : Et il ne faut pas oublier qu’il y a une partie avec qui on est amis tu vois. Et Blu Samu encore plus puisqu’on a vécu avec elle.

Et est-ce qu’il y a quand même une concurrence entre vous ?

Peet : Moi je ne la sens pas en tous les cas. S’il y en a une, c’est une compétition positive où tout le monde a envie d’arriver à un certain stade.

Morgan : Les gens se poussent au lieu de se cracher dessus quoi.

Percer dans le rap aujourd’hui, c’est facilité par des gens comme Roméo Elvis et Damso ?

Rayan : Non parce qu’au final eux ils percent, mais nous on ne perce pas encore.

Peet : C’est facilité dans le sens où c’est eux qui ont fait en sorte qu’il y ait de la visibilité ici. Parce que quand Roméo Elvis il a commencé, moi je faisais déjà du rap. C’est juste quelqu’un qui a été plus vite à un stade plus grand.

Mais ils vous apportent quand même de la visibilité, ne fût-ce que par les réseaux sociaux ?

Peet : Oui, quand il nous reposte, il y a directement des gens qui s’intéressent.

Rayan : Ça découle aussi du fait qu’il n’y ait pas de concurrence, que chacun partage les trucs des autres et qu’on se porte entre nous. Grâce à l’exposition que l’un ou l’autre a, ça permet aux autres de se faire voir et ça prouve que tout est lié et qu’il n’y a pas de concurrence, ou en tout cas pas comme Booba et Kaaris quoi.

Morgan : Et c’est bien plus intelligent, quand je vois que moi j’ai la flemme de partager parce que j’ai la flemme d’utiliser Instagram. Mais quand je vois Rayan qui, avec l’Insta du 77, partage plein de gens et puis qu’après je vois plein de gens prendre le temps de nous partager, je me dis « putain », c’est cool parce que tout le milieu du rap est là à se soutenir les uns les autres, même ceux qui ont moins de visibilité que les autres. J’ai l’impression qu’en France c’est vu négativement de trop s’entraider. Ils se prennent fort au sérieux alors qu’ici c’est juste quelque chose qui est bien vu et qui fait plaisir.

On entend souvent ce mot dans vos textes, mais c’est quoi un vrai bawler ?

Peet : C’est une personne qui fait ce qu’il aime, sans se prendre la tête, sans réfléchir, qui fait juste ce qu’il a envie de faire. Et quelqu’un de respectueux envers les autres, qui ait un esprit ouvert et qui spread le love. Visuellement ça peut être un cycliste qui se donne à fond avec un super maillot pour aller rouler le dimanche.

Morgan : Un mec qui n’est pas du tout professionnel, mais qui va s’acheter un sale vélo, qui aura le plus beau style cycliste dans son quartier. Ça, c’est un bawler ! En gros c’est un mec qui prend les choses en main et qui fait ce qu’il a envie de faire. JCVD c’est un bawler, Ali-G c’est un bawler.

Elle vient d’où votre passion pour les lunettes ?

Peet : C’est Félix (Félé Flingue) qui a ramené ça. Il avait acheté des lunettes jaunes, du coup on a commencé à acheter blindé de lunettes comme ça.

Morgan : Quand j’étais petit, je n’aimais pas du tout me déguiser. Puis après on a commencé à mettre des lunettes pour rigoler. Depuis qu’on a commencé à kiffer, j’aime trop me déguiser et avoir l’air ridicule en fait.

Rayan : Et puis y a des lunettes qui ont tellement de skillz. On ne parle pas des lunettes genre Ray Ban Aviator ou quoi. Vraiment les lunettes de mecs que tu respectes, des lunettes de vitesse, des lunettes de flamme… Et puis tu le vois maintenant ça devient un peu à la mode, tout le monde met des lunettes un peu extravagantes.

Maintenant que vous n’habitez plus dans la maison 77, tout l’univers du groupe va changer ?

Peet : Non, ça va juste être la méthode de travail qui va être différente. On va juste se voir chez Morgan et Rayan qui habitent maintenant à Wemmel, où le studio est, pour faire de la musique. Ça va juste moins être intuitif comme ça pouvait l’être avant où on était juste livrés à nous-mêmes le matin quand on se réveillait tous dans la même maison, où tu descendais en bas, il y avait quelqu’un qui faisait de la musique, si tu kiffais tu en faisais avec lui et sinon tu retournais faire ce que t’avais envie de faire. Et puis de toute façon on évolue tous dans notre musique, c’est normal qu’au début quand tu commences, t’es hyper naïf, tu fais juste ta musique pour le kiff. Puis tu commences à te professionnaliser, mais on continue à faire de la musique pour s’amuser.

Vous avez vos projets solo aussi, est-ce que ça veut dire que vous allez mettre le 77 de côté ?

Rayan : En fait, on va mettre le 77 de côté au niveau créatif. Chacun va essayer de sortir un peu de sa tête l’esprit qu’on a eu dans les trois premiers albums pour juste se laisser du temps et revenir avec autre chose, puisqu’on a fait un peu le tour du truc. Et surtout chacun a envie de définir autre chose. Pendant ce temps-là, on va faire de la scène, où on aura du temps pour travailler sur les albums solo de chacun.

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