Le festival qui a les pieds dans la Sambre et la tête dans l’abbaye de Floreffe nous a servi comme à son habitude une programmation éclectique et engagée, ainsi que notre dose de bonnes ondes.
Vendredi, le jeune rappeur Lord Esperanza présentait son nouvel album « Drapeau blanc » sur la scène futuro de son homonyme. On a ensuite retrouvé Glauque, les rappeurs namurois aux textes poignants, qui ont pris de la bouteille depuis la finale du concours-circuit 2018. Les amateurs de dub ont été servis avec l’Australien de Dub Fx et son beat box psychédélique.
Plus tard, on a rejoint les jumelles franco-cubaines Ibeyi qui nous ont servi un concert langoureux et énergisant. En fin de soirée, on est redescendu pour danser sur de l’électro mélodique avec d’abord le DJ saxophoniste Thylacine, qui nous a fait voyager avec des mélodies traditionnelles piochées lors de son dernier voyage en Argentine, mêlées au mapping de paysages assortis. L’allemand de Monolink lui a emboité le pas avec une electronica chantante.
Samedi, c’est le grand Blick Bassy qui a ouvert la danse avec ses chants camerounais chargés en revendications et en émotions. Ensuite on s’est déhanché sur du Kuduro (mélange de break dance, samba angolaise et électro) avec l’étincelante Pongo.
Puis c’est Georgio, accompagné de son backeur Sanka, qui a enflammé la scène Futuro avec principalement des sons de son dernier album « XX5 » faisant référence à ses 25 ans, âge auquel le jeune rappeur en est déjà à son troisième album.
On a terminé la soirée avec le jeune Fakear qui nous a transportés tout en simplicité avec son électro organique planante.
Dimanche s’annonçait chargé, avec pour commencer la journée Veence Hanao et le Motel pour un concert émouvant puisque le duo clôturait ici leur tournée et cette belle collab de « Bodie » qui avait relancé le rappeur bruxellois après une longue pause. On espère juste qu’il ne nous laissera plus patienter aussi longtemps avant le prochain album.
On s’est ensuite doucement ambiancé au son des géniaux beatmakers de l’Entourloop. Composé de The Architect et Deej’O, les djs proposent un joyeux mélange hip-hop, reggae dub alimenté de samples et de scratch.
Les Caravan Palace ont mis le feu au jardin avec leur électro swing. Avec son dernier album « Miracle », le groupe a pris une tournure plus pop qui en a sûrement déçu plus d’un. Mais difficile de résister à l’envie de se trémousser sur leurs vieux sons.
Le festival s’est clôturé avec les Français de Polo & Pan en live et leur électro pop aux mélodies lyriques et romantiques, de quoi nous emmener faire une petite balade estivale du côté de la jungle avec leur nouveau titre « Gengis », un peu plus psyché et techno que leurs précédents morceaux.
Chaque soir, le kioskQ clôturait la journée avec cette année aux manettes les rois de la fête de Global Hybrid Records, Rebel Up et Giraffes & Penguins. (Même si les vrais fêtards vous diront que la soirée termine au camping sauvage sur de la techno de forains enragée.)
Mais Esperanzah ! c’est aussi une thématique de société mise en avant, avec pour thème cette année « démasquons les privilèges ». Au « village des possibles », qu’on saluera au passage pour leur scénographie enchanteresse, s’enchainent débats, projections, ateliers de sensibilisations, mais également des open mics et des surprises musicales hors programme, comme le concert intimiste que nous a livré l’envoutante Martha D’aro avec son mélange singulier de soul, hip-hop et funk.
Le bruit court que cette édition était la dernière dans ce cadre idyllique, l’abbaye étant devenue trop vieille et fragile pour accueillir autant de visiteurs sans d’abord bénéficier de quelques entretiens. Quoi qu’il en soit, on reviendra l’année prochaine, quel que soit le lieu pour partager toujours plus d’amour et retrouver cette ambiance chaleureuse et bienveillante propre au festival.
Marceline Destordeur
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