Dans un chapiteau ultra-complet pour l’occasion, Worakls est venu nous présenter en grande pompe son premier album, Orchestra, accompagné de sa petite vingtaine de musiciens.
Avec Worakls, tout est une question de symphonie. L’un des quatre piliers de la maison Hungry Music a enfin dévoilé son premier album, l’aboutissement d’un travail de chape sur de longues années, mais aussi et sûrement l’apogée de sa carrière jusqu’ici. Orchestra, c’est la rencontre subtile entre les cuivres, les cordes et les percussions, auxquels vient se superposer le synthé du génial producteur. Le projet est monstrueux, on passe par toutes les émotions, le tempo est parfois hyper rapide, parfois plus chill, on se rapproche tantôt d’une musique de film, comme dans Caprice, tantôt d’une espèce de techno progressive, comme dans Cloches. On sent les influences venir de partout, avec évidemment un petit clin d’œil pour ses origines portugaises dans Entrudo.
Sur scène, le show est calculé et rien n’est à jeter, si l’on oublie le sourire parfois un peu niais de celui qu’on est venus voir. L’orchestre joue le jeu, les musiciens ne restent pas amorphes sur leur chaise et se laissent complètement aller, mention spéciale au violoniste un peu grisonnant qui était visiblement très chaud ! Si certains concerts de musique électronique peuvent paraître un peu longs et rébarbatifs parfois, on est clairement aux antipodes de cela avec Worakls. Le mélange des genres fait qu’on ne s’ennuie pas, on peut être en train d’écouter une track similaire à du Hans Zimmer et puis se retrouver propulsés en plein milieu de quelque chose qui s’apparenterait à l’Elektropedia de Dour en cinq minutes de temps. Surprenant, mais puissant et très efficace.
Worakls vient donc s’ajouter à la liste grandissante des producteurs qui ont voulu mélanger les univers des musiques classique et électronique. Pour en citer quelques-uns, l’an passé, Pedro Winter faisait reprendre par l’Orchestre Lamoureux les titres du répertoire d’Ed Banger, de Justice à DJ Mehdi, pour célébrer les 15 ans du label. En 2008, PuZZling records faisait entrer l’électro à l’Opéra Royal de Wallonie, à Liège, pour sa « Nuit de l’Électronique et de l’Opéra ». Et si on veut s’aventurer dans des sentiers plus mainstream, même le DJ Steve Aoki a repris Johannes Brahms en 2013 pour son Phat Brahms. De quoi faire se retourner dans sa tombe le pauvre compositeur…
Guillaume Scheunders